Daniel Simonpieri, maire de Marignane (Bouches-du-Rhône) brigue un troisième mandat municipal.
Il fut élu en 1995 sous l'étiquette FN (parti auquel il a appartenu pendant 25 ans). En 2001 il fut réélu avec le soutien du MNR de Bruno Mégret qu'il quitta peu après.
En 2002 il a appelé à voter JM Le Pen et est toujours fidèle à ses idées…
IL vient d'obtenir l'investiture de l'UMP pour les prochaines municipales…il est vrai qu'il avait appelé à voter Sarkozy au printemps dernier…
Ci-dessous un article paru sur le site de la LDH -Toulon concernant le climat à Marignanne :
La guerre dAlgérie encore et toujours. Douloureux, contradictoires, violents, les récits sur cette sale guerre que la France a dû mener au milieu du XXe siècle sur les terres de lAfrique du Nord nen finissent pas de resurgir.
Articles de Pierre Desorgues paru dans lédition du 7 juillet 2005 de lhebdomadaire Réforme :
Cette dernière semaine, ce sont danciens membres de lOAS qui ont ravivé les plaies. Motif ? Lérection dune stèle à la mémoire des activistes de lAlgérie française à Marignane, là où vivent les plus gros bataillons de rapatriés et danciens de lAlgérie. Lhiver dernier, cétait le gouvernement lui-même qui, espérant calmer et satisfaire le besoin de reconnaissance des souffrances des rapatriés, avait ouvert un nouveau front avec la loi du 23 février 2005 qui revisite « luvre de la France en Algérie ».
Reste malgré tout lespoir dune véritable réconciliation générale des mémoires.
A Marignane, lOAS veut sa stèle…
Des anciens de lOAS se battent pour installer une stèle à la mémoire des activistes de lAlgérie française. Le préfet de la région PACA a demandé linterdiction de cette inauguration. Les tensions sont vives sur place, où lextrême droite est bien implantée.
Plus de quarante ans après les accords dEvian consacrant lindépendance de lAlgérie, lOAS bouge encore. Ainsi les anciens de lOrganisation de lArmée secrète entendaient rendre hommage, à Marignane, « aux quatre fusillés » de lAlgérie française : Jean-Bastien Thiry, auteur de lattentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle, le lieutenant Roger Degueldre, chef des commandos Delta de lOAS, Albert Dovecar et Claude Piegts, seconds de Degueldre. Les quatre hommes furent condamnés à mort par la cour militaire de justice et exécutés au fort dIvry entre 1962 et 1963. LOAS fut responsable de la mort de 71 personnes en métropole. En Algérie, de la période allant doctobre 1961 au 20 avril 1962 – date de larrestation du général Salan -, lorganisation terroriste serait responsable de près de 13 000 attentats et de la mort de près de 2 200 personnes, Algériens ou Français.
LADIMAD (Association pour la défense des intérêts moraux et matériels des anciens détenus et exilés de lAlgérie française), fondée par le général Salan en 1967, a choisi ainsi dériger une stèle aux tueurs denseignants et de policiers avec le soutien du maire, Daniel Simonpieri, ancien du Front national et proche du couple Mégret. Le président de lADIMAD, Jean-François Collin, en tant quancien membre de lOAS, néprouve aucun remord. « Je suis désolé pour certaines des familles de victimes mais nous avions affaire à des traîtres. » Et de lâcher : « Quon nous fiche la paix. Quon nous laisse honorer nos morts. » De quoi provoquer un tollé et lindignation des familles de victimes.
Une région délection du Front national
Degueldre et ses complices ont ainsi exécuté, le 15 mars 1962, six dirigeants des centres sociaux éducatifs, service de lEducation nationale. Le commissaire central dAlger, Roger Gavoury, devait également figurer parmi les victimes des commandos de lOAS.
Après avoir adressé une lettre au président de la République demandant une interdiction de linauguration de cette stèle, prévue mercredi 6 juillet, les associations antiracistes et les familles des victimes de lOAS semblent avoir été entendues par le préfet de région qui a demandé linterdiction du rassemblement. A la pointe du combat contre la stèle à la gloire des anciens de lOAS, des associations, des syndicats et des institutions aussi différentes et éloignées politiquement que le MRAP, la Ligue des droits de lhomme (LDH), la FSU, la CFDT ou lInstitut Charles de Gaulle, présidé par Yves Guéna. La mairie de Marignane, qui a encouragé le projet dinstallation dune stèle en accordant un terrain à lADIMAD, bat en retraite et demande aujourdhui à ses amis de reporter cette inauguration.
Cette affaire sinscrit dans une région où lextrême droite est fortement présente et où la communauté pied-noire est majoritairement installée dans le pays. Toulon a été administrée par une mairie Front national de 1995 à 2001. Un carrefour a été baptisé « Général-Salan » sous ladministration de Jean-Marie Le Chevallier. Le 25 juin dernier, sous la pression des associations des familles de victimes de lOAS et de la LDH locale, le carrefour a été rebaptisé « place du Colonel-Salan ». Une nouvelle dénomination faisant plus référence au libérateur de la ville en 1944 quau général putschiste et chef de lOAS. Plus au nord, Orange est toujours dirigée par Alain Bompard, membre du parti de Jean-Marie Le Pen. Vitrolles fut le fief de Bruno Mégret, chef du MNR, qui entend lutter contre « lislamisation du pays ». Marignane, pour sa part, est dirigée dune main de fer par Daniel Simonpieri. Même chose pour Nice, où le maire actuel, Jacques Peyrat, est un ancien du Front national. Ancien premier adjoint du couple Mégret, il a rejoint lopposition UMP après la reconquête de la municipalité par les socialistes.
Allégeance ou compromission
« Lextrême droite est moins visible politiquement aujourdhui. Elle cherche donc à intégrer la droite classique. Cest ainsi que Simonpieri, élu MNR, a rejoint le groupe UMP du conseil général des Bouches-du-Rhône. Un phénomène à la Peyrat. Mais, chassez le naturel, il revient au galop. Lhistoire de la stèle en est un parfait exemple », explique Claude Castex, représentant de la Ligue des droits de lhomme et ancien premier adjoint socialiste de la ville de Vitrolles avant larrivée des Mégret. Mais, derrière le changement détiquette, ce sont toujours les anciens du Front national qui tiennent le terrain politique.
Signe dallégeance ou du moins de compromission ? Le maire de Marseille et vice-président de lUMP, Jean-Claude Gaudin, se serait rendu, selon des militants dune association antiraciste, aux festivités célébrant les dix ans de magistrature de Daniel Simonpieri à la tête de Marignane. Jean-Claude Gaudin signifie aujourdhui cependant quil ne faut « pas rendre hommage à ceux qui ont tenté dassassiner le général de Gaulle ».
« Lextrême droite a prospéré dans certaines communes. Non pas parce que la gauche est inexistante mais parce que la droite républicaine est absorbée politiquement par lextrême droite », ajoute Claude Castex. En effet, il ne vaut mieux pas safficher comme gaulliste dans la région. Un conseiller général avait cru bon ainsi dannuler dans les sections dAix-en-Provence du feu RPR la commémoration du 18 juin 1940 pour ne « pas froisser la communauté des rapatriés ».
Alain Girard dirige à Vitrolles le Centre de rencontres protestant. Une association qui fut à la pointe du combat politique contre les Mégret. « La mémoire constitue un réel enjeu dans la région, et plus particulièrement sur létang de Berre, autour des communes de Marignane et de Vitrolles. Nous avons effectivement une réelle manie de la stèle. Je me souviens que lancienne mairie socialiste en avait ainsi installée une à la mémoire du leader kanak Jean-Marie Tjibaou. Au bout de 24 heures, elle a été détruite. Contrôler les lieux de mémoire, cest démontrer, selon lextrême droite, que lon tient idéologiquement la ville. »
Climat passionnel
Une tradition locale qui a de quoi déconcerter les nouveaux venus sur létang de Berre. Iris Reuter connaît la région depuis deux ans seulement. Pasteur de lEglise réformée de Vitrolles, elle avoue sa surprise : « Je suis atterrée par ce projet de stèle faisant lapologie de gens responsables de la mort denseignants et auteurs de nombreux attentats. Ce nest pas comme cela que lon rapprochera les communautés. » Rapprocher les communautés pied-noire et maghrébine ne fait justement pas partie des objectifs des anciens du Front national. Bien au contraire. Le meilleur moyen pour lextrême droite de conserver un électorat fidèle consiste à entretenir les blessures du passé. « Les Mégret se sont emparés de la mairie de Vitrolles en jouant sur la peur des anciens rapatriés et en ghettoïsant les jeunes issus de limmigration », estime Claude Castex. Même chose à Marignane. « Lobjectif est de maintenir une tension, dentretenir un climat passionnel en érigeant des stèles à la mémoire de lOAS. Simonpieri est un enfant du pays. Il na aucune attache sentimentale vis-à-vis de lAlgérie. Mais sa municipalité est une ville de transplantés où entre 40 et 45 % de la population locale est composée de rapatriés et denfants de rapatriés », précise Alain Girard.
Le pasteur Pierre Cegurra, de lEglise évangélique pentecôtiste de Marignane, fait, lui, partie de cette communauté de rapatriés qui ne crie plus vengeance. Les raisons « dun malaise pied-noir » sont nombreuses, selon lui. « Nous sommes dans une agglomération où il y a un véritable désert spirituel », insiste lhomme, originaire de Mostaganem.
Signe dune véritable souffrance et dune nostalgie certaine pour une terre perdue, le rayon de cette librairie de Vitrolles. On y vend un des best-sellers locaux. Un livre album consacré à « Nos villages et nos villes en Algérie avant 1954 ». Ce ne sont pas seulement les communautés maghrébines qui ont été ghettoïsées. Parqués dans des villes nouvelles, comme à Vitrolles où il nexiste « aucun lien social et où le modèle urbain est celui de la villa avec la piscine », entourés par des centres commerciaux, selon Alain Girard, les rapatriés, dont certains appellent leur petits-fils Jean-Bastien, ressassent encore et toujours les blessures de la guerre dAlgérie.