Le journal Natsia i Derjava (La Nation et lEtat) du 5 septembre, organe du Congrès des Nationalistes Ukrainiens (KUN), lune des formations dextrême-droite de la coalition « Notre Ukraine » du président Iouchtchenko, se plaint, sous la signature du chef cosaque Evgen Petrenko, de ce que la police de Kiev ait « brutalement » mis fin aux stands de « littérature ukrainienne » et de propagande en faveur des « héros de lUPA », installés sur Maidan, la principale place de Kiev.
Il sagit des échoppes de propagande nazie et antisémite que nous évoquions dans Le Monde diplomatique daoût 2007 (lire « Comment les nationalistes ukrainiens réécrivent lhistoire »).
Selon le maire de la ville, ces commerçants de la soi-disant « symbolique ukrainienne » vendaient Mein Kampf de Hitler. Le journal Vetechernyi Kiyv du 14 septembre précise quon peut également sy procurer le pamphlet antisémite Protocoles des sages de Sion et les ouvrages de lidéologue nazi Alfred Rosenberg, diffusés par lacadémie MAUP. Ce genre de littérature se trouve dans dautres librairies et kiosques de Kiev.
Les nationalistes radicaux se mobilisent donc contre cette atteinte à leur liberté dexpression. Une action de protestation a eu lieu, avec le soutien prévisible des organisations néofascistes UNA, KUN, « Svoboda » cest sans surprise mais on sétonne (naïvement ?) dy trouver aussi le parti « démocrate » orange « Pora » (ex-fer de lance de la révolution orange, financé par Soros) et le jeune leader nationaliste Iouri Lytsenko, au nom de la coalition électorale « Notre Ukraine-Autodéfense populaire » que mène le président Iouchtchenko.
Le « scandale » soulève une tempête de protestations. Dauthentiques démocrates sétranglent dindignation en rappelant que Kiev lorange était devenue la ville-symbole des libertés. Où va-t-on si lon se met à interdire Hitler, Rosenberg et les pamphlets de la MAUP sur la « dictature juive » en Ukraine ?
Dautre part, plusieurs établissements denseignement la MAUP, académie du management, se verraient retirer lappui (les subventions ?) de lEtat.
Dans la foulée, les « assassins de la démocratie » risquent de sen prendre aux concerts rock et de « musique gothique » où lon chante à la gloire du bataillon ukrainien de la Wehrmacht « Nachtigall », concerts qui se sont parfois terminés aux cris de « Sieg Heil ! », « Tue le Juif ! », « Tue le Russe ! »…
Jean-Marie Chauvier (Le Monde Diplomatique La valise diplomatique du 10/09/07)