La section rouennaise du syndicat Unité SGP police FO ne laisse pas indifférent.
Fin avril cette section avait rédigé un tract qui fut affiché à la caserne de la CRS 31 de Darnétal, et dans lequel était dénoncé en des termes très virulents et avec une argumentation proche de l' extrême droite la présence de viande halal dans les menus du mess.
Citons-le : "il faut mettre fin à des approvisonnements au rituel étranger à nos coutumes…les catholiques de notre unité (ne) doivent (pas) avaler toutes les couleuvres qu'on leur propose …et les athées et agnostiques ne revêtiront pas la burka après avoir digéré…manger halal c'est payer l'impôt islamiste".
Nous ne souhaitons pas nous attarder sur la finesse d'analyse de ces propos, signalons toutefois que ce tract a été désavoué par la direction nationale de ce syndicat et notamment par ses porte-paroles Yannick Danio et Nicolas Comte : "Notre organisation ne se reconnait pas dans cette affaire…les écrits syndicaux ne doivent pas avoir ce genre de connotations. Les propos tenus ne correspondent pas aux valeurs républicaines et de laïcité qui sont les nôtres. Nous nous désolidarisons des propos tenus dans ce courrier".
Ce syndicat local vient à nouveau de se manifester, rappelons les faits. Un concert de rap en soutien aux inculpés de Villiers-Le-Bel doit se tenir le 19 mai à la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers. Une campagne d'intimidations est actuellement orchestrée dans le journal Le Figaro, l'extrême droite locale et ce syndicat de policiers afin que le préfet interdise ce concert.
Ces policiers envisagent même d'organiser une contre-manifestation à proximité de la salle dans le but évident de forcer la main au préfet au nom bien sûr du maintien de l'ordre public.
Rappel des évênements, (source Bellaciao):
Le concert qui choque la police
POLEMIQUE. Le collectif « Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel » organise un concert à Rouen le 19 mai. Le syndicat Unité SGP-police dénonce un événement provocateur.
Novembre 2007. Après la mort de deux adolescents sur une mini-moto percutée par une voiture de police, des échauffourées éclatent à Villiers-le-Bel dans le Val dOise. Durant deux nuits consécutives, forces de lordre et jeunes saffrontent violemment. Des bâtiments publics et des commerces sont détruits, un commissaire est roué de coups, une centaine de policiers sont blessés, certains par arme à feu.
Deux ans et demi plus tard, quatre jeunes, soupçonnés davoir tiré sur la police, sont renvoyés devant la justice. Lundi 21 juin, ils comparaîtront devant la cour dassises du Val dOise pour « tentative dhomicide volontaire sur agents de la force publique ».
« Le procès de la banlieue tueuse de flics »
Pour les membres du collectif « Respect-Vérité-Justice de Villiers-le-Bel », le scénario est déjà écrit : « Ce sera le procès de la banlieue tueuse de flics, chargé de réconcilier le pouvoir avec lélectorat du Front national et tous les flippés de France. Ça ne se passera pas comme ça, nous devons libérer les incarcérés de Villiers-le-Bel. » Jusquau premier jour de lété, ce collectif organise des concerts de soutien, un peu partout en France, afin de sensibiliser la population sur le sort des accusés, mais aussi pour récolter des dons. Une scène Rap (Demon One, DJ Plaiz, Abou2ner, Rdelite ) est programmée à Rouen, mercredi 19 mai à 19 h, à la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers, qui peut accueillir jusquà 490 personnes. « Cest une démarche provocatrice. Imaginez un comité de soutien à des policiers qui organiserait un concert sur le thème : comment kärcheriser les cités ?, commente Frédéric Desguerre, secrétaire générale dUnité SGP-police – majoritaire en Haute-Normandie. Ce comité appelle clairement à casser du flic, cela nest pas tolérable dans un Etat de droit. Peu importe sa forme, la liberté dexpression est fondamentale, mais elle doit exister dans le respect des uns et des autres. On ne peut pas appeler impunément à tuer un autre homme. Il faut regarder certains clips des artistes, qui doivent se produire, pour comprendre la haine quils ont envers la police. »
Cependant, le syndicat ne demande pas linterdiction de la tenue du concert. « Nous avons écrit à Mme le maire de Rouen et à M. le préfet pour les alerter. Il est clair que certains troubles à lordre peuvent exister avec la tenue de tels événements. Cest à eux de prendre leur responsabilité. LEtat est censé protéger les fonctionnaires de police », poursuit Olivier Marin, secrétaire départemental adjoint dUnité SGP-police en Seine-Maritime.
Une contre-manifestation envisagée
Contactée hier, la mairie de Rouen confirme que la salle Sainte-Croix-des-Pelletiers est réservée, mais renvoie une éventuelle décision dannulation en préfecture. Le directeur de cabinet du préfet, Jean-Christophe Bouvier, affirme de son côté que ses services ont bien reçu « un courrier à ce sujet » et qu« un examen attentif est en cours ». « Pour lheure, je nai pas déléments susceptibles dêtre donnés ni dans un sens, ni dans lautre. Je pense quon y verra plus clair en début de semaine prochaine », précise-t-il.
Mercredi soir, Frédéric Desguerre et Olivier Marin nexcluent pas dorganiser « une contre-manifestation à proximité. Pour, nous aussi, sensibiliser la population et dialoguer avec elle. » Un dialogue impossible, lui, entre certains jeunes et policiers. Et réciproquement
http://www.paris-normandie.fr/article/faits-divers/le-concert-qui-choque-la-police
Reponse des organisateurs du concert de soutien de Rouen le 19 mai avec Demon One, Kommando Toxik, Abou2ner, DJ Plaiz, Dokou, Légendaire, Gueltou et DJ Smoke :
Le 11 mai dernier, alors que la campagne de soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel était à peine lancée, nous découvrions simultanément dans le Figaro et sur le site dextrême droite Novopress.info que le syndicat de police Union Unité police/SGP FO se disait scandalisée par notre démarche et en appelait à son ministre de tutelle, Brice Hortefeux, afin quil vienne mettre un coup darrêt à cet élan de solidarité quil ne semblait vouloir partager.
Aujourdhui, Samedi 15 mai, cest par voix de presse, dans lédition quotidienne du Paris-Normandie que nous découvrons la nouvelle tentative dintimidation des syndicats de police. Le syndicat Unité SGP Police, par la voix dOlivier Marin et de Frédéric Desguerre (sic) en appelle au préfet afin quil interdise le concert prévu le 19 mai à Rouen à la salle Sainte Croix des Pelletiers. Tentative de censure quils modèrent dans les pages du Paris-Normandie mais assument entièrement dans la-dite lettre au préfet. Larticle du journal se clôt par la menace dune manifestation des forces de lordre aux abords du Concert.
Nos deux scribouillards syndicaux qui avaient entre temps créé un groupe sur le réseau social facebook où les commentaires dinjures, de menaces et de diffamation la plus crasse sétalent à longueur de page justifient confusément leur tentative dintimidation et de censure de deux manières.
Tout dabord, le soutien aux inculpés de Villiers-le-Bel nétant pas de leur gout, il devrait être interdit. Ou comment un simple syndicat de forces de lordre sessaie à jouer la police politique. Ne leur en déplaise, jusquà nouvel ordre, soutenir des personnes inculpées parce que lon conteste ce qui leur est reproché ou parce que lon est solidaire de leur cause nest ni un crime ni un délit. Lappel à la révolte contre le pouvoir que nous impute ce syndicat est au contraire, pour beaucoup un précieux héritage. Jusquà Eric Cantona qui déclarait il y a quelques mois que cétait là lidée quil se faisait de lidentité française.
Faut-il préciser ici quen insinuant quil serait délictueux de soutenir des inculpés pas encore jugés, ce syndicat porte ouvertement et directement atteinte à la présomption dinnocence.
La deuxième justification apportée par ces messieurs concerne le contenu des paroles de certains des artistes qui se produiront ce soir-là. Les textes leur paraissent trop peu chaleureux à leur endroit. Serait-il interdit de ne pas aimer la police? Nous ne rentrerons pas ici dans une explication de texte, nous nous contenterons dencourager ces fonctionnaires précautionneux à mener leur démarche jusquau bout et sans discrimination. Nous attendons donc de leur part quils réclament linterdiction de vendre et de diffuser les uvres de milliers de groupes de rap français, y compris de ceux qui ont reçu des victoires de la musique, ainsi que de toute luvre de Georges Brassens, de Renaud et que dune partie de celle de Johnny Halliday et pourquoi pas même le sketch nommé la police des Inconnus.
Concernant la tentative dintimidation qui nous parait la plus grave, à savoir la menace dune manifestation de policiers aux abords et contre le concert du 19 mai : il semblerait que lautorité du préfet dans son rôle de garant de lordre se trouve mise à lépreuve par ses propres forces de lordre. Cocasse. Mais nous ne laisserons pas notre concert être perturbé par une émeute de policiers. Nous ne laisserons pas la police faire du centre ville de Rouen son territoire, sa zone de non-droit. Et cela par tous les moyens qui nous paraîtrons nécessaires, y compris par le biais de nos avocats.
Nous appelons toutes les personnes solidaires des inculpés de Villiers-le-Bel ainsi que toutes celles et ceux qui trouvent intolérable que ce concert puisse être menacé, à venir, quoi quil arrive, le 19 mai à 19H à la Salle Ste Croix des Pelletiers de Rouen.
Merci de faire passer cette information à tous vos amis et réseaux. Plus que jamais, nous avons besoin de solidarité.