CQFD N° 70
DES TAUPES BRUNES DANS LA POLICE CHTI ?
Dans le chNord, une amicale de débonnaires militants identitaires peut obtenir mystérieusement des fiches de manifestants dextrême gauche que seuls des agents assermentés de la police sont censés posséder. Mais des renseignements circulent aussi sur les fafs.

Le 9 juin, une vidéo est mise en ligne sur YouTube. Elle est constituée dun montage photo de Black Blocs et dun commentaire écrit ironique, sur la musique des « Bisounours », « remerciant » les 26 interpellés, avec mention de prénoms, de la première lettre des noms de famille et des lieux de résidence, dévoilant jusquà certains détails personnels donnés aux policiers lors de la garde à vue comme ladresse italienne des parents dune des manifestantes, connue delle seule et de la police. Quelques jours auparavant, un individu, reconnu comme le trésorier de la Vlamm Huis, aurait cherché à impressionner des personnes interpellées le 23 mai rencontrées par hasard dans un bar de Lille,en les qualifiant virilement de « Bisounours ». La vidéo disparaît de la Toile le 14 juin.
Les 3 et 6 juillet, deux spécimens au crâne rasé se livrent à diverses intimidations devant le domicile de deux antifas, jusquà entailler le visage et la joue dune jeune femme avec un Opinel en lui lançant : « Cest de la prévention, la prochaine fois, jappuie plus fort. Tu diras à tes petits copains de se calmer et darrêter leurs conneries. » Les agressés décident de porter plainte contre X pour « divulgation illégale dinformations personnelles ».
Jusque-là, ce nest pas trop compliqué de remonter jusquaux ménestrels de la cause flamande. Joint par téléphone , Claude Hermant, autoproclamé « druide » de lasso qui prône-les-valeurs-traditionnelles-de-la-famille-du-travail-et-des-cultures-ancestrales, confirme que la liste a bien atterri dans leur boîte aux lettres. Quant à sa provenance et sa finalité, il fait aussi montre dune imagination débordante : « On reçoit de tout dans notre boîte aux lettres ! Le Français aime dénoncer, cest connu depuis 1939 [sic] ! La liste pourrait aussi bien venir de gens de lextrême gauche avec qui on a de très bons contacts qui en ont marre de cette vingtaine de casseurs qui foutent la merde dans les manifs. »
Et si les fuites provenaient plutôt de la maison poulaga ? Fin août, un curieux courrier anonyme parvient aux rédactions du Canard enchaîné, Siné-Hebdo, La Voix du Nord, Liberté-Hebdo, LHuma, Libé et CQFD. On peut y lire limprimé dun mail signé « Édouard » provenant dun forum identitaire et daté du 12 novembre 2007. Édouard, en qualité de trésorier, décrit à son correspondant le fonctionnement de la Vlaams Huis : « [Celle-ci] à [sic] démarré sous linitiative de Claude il y a deux ans (ancien DPS [1], parti en Afrique pour mercenariat [2], a des contacts partout) et de quelques skins. Au bout dun an tous les débiles ont été dégagés, les plus motivés et politiques sont restés
» Voilà pour la description de ce délicat aréopage de bardes, apparemment écrémé de ses éléments les moins gracieux.
Plus loin dans le mail, le carnet dadresses de lassociation semble se préciser : « On a les flics à la bonne, le portable du responsable de la sécurité urbaine, déjà venu au local lors de linauguration, nous a dit quil fallait lappeler au cas où et que ce quon faisait cest très bien les ptits gars. Le chef de la police municipale de la ville [Lambersart] est de chez nous, tout comme son pote dune grande ville dont on dépend administrativement qui va venir fêter son anniv au local. Voili voilou. » Interrogé par nos soins sur lauthenticité de ces informations, Claude Hermant nie avec modestie tout contact autre qu« officiels » avec les services de police, en rapport avec ses activités associatives.
Daprès nos sources dans les réseaux antifascistes, plusieurs forums identitaires et autres pages persos de lengeance nationaliste auraient été hackés depuis plus dun an par des petits malins. Dautres surprises pourraient suivre
Article publié dans CQFD N°70, septembre 2009, actuellement en kiosques.
[1] Service dordre du Front national.
[2] Sur le profil barbouzard de Claude Hermant, on pouvait lire dans Libération du 6 juin 2001 : « [ ] Para il a fait ses classes à Beyrouth au 1er régiment de chasseurs parachutistes , il a combattu à deux reprises en Croatie dans la 106e brigade de volontaires étrangers. En 1997, Hermant suit 90 jours de formation intensive au siège du FN, destinée à lui apprendre les rudiments de laction clandestine. »